À l’annonce des lauréats du concours de la meilleure baguette de tradition française, le 17 mai, Mei Narusawa n’en a pas cru ses oreilles. « Je n’ai pas tout de suite compris que j’avais gagné. J’ai même pensé que j’avais été disqualifiée ! » C’est pourtant bien la jeune employée de la boulangerie-pâtisserie Durrenberger, à Mertzwiller (nord de Haguenau), qui ramène en Alsace le trophée convoité. Elle est la première femme à se hisser sur la plus haute marche du podium, et très certainement la première… Japonaise !
Même si elle a le triomphe modeste, Mei Narusawa n’a pas volé sa victoire. Pour passer avec succès les épreuves qualificatives départementales (le 8 mars) et régionales (les 22 et 23 mars), elle s’entraîne d’arrache-pied, sans compter ses heures. « À partir de janvier, je me levais à 3 h pour me rendre à la boulangerie (à 1 h de route de Strasbourg, où elle vit) pour m’entraîner. » À ce rythme effréné, il faut rajouter sa journée de travail et ses cours de français à l’Institut international d’études françaises (IIEF). « Ça a été une période très fatigante », reconnaît Mei, qui confesse avoir « raté quelques cours » pour préparer au mieux cette étape importante dans la reconnaissance de son savoir-faire.
Et elle a bien fait : le jour du concours, à Paris, il fait « 34 degrés sous la tente, contre 24 à la boulangerie en conditions normales ». Mei, qui s’est préparée à évoluer dans des conditions inhabituelles et avec une farine inconnue, parvient avec brio à adapter sa recette, à commencer par la teneur en eau et en sel de sa pâte.