Des faits de bizutage ont-ils été constatés cette rentrée ?
Tout début septembre, je suis tombé sur un groupe d’étudiants faisant gober des flans à d’autres, le tout sur fond d’alcool. J’ai immédiatement prévenu les instances de l’université. Ces étudiants n’appartenaient pas à notre université : cela n’a pas empêché le Directeur général des services de prévenir le directeur de l’établissement dont dépendaient ces étudiants, et les sanctions adéquates ont été prises. Il y a deux ans, des faits de bizutage au sein de l’Unistra ont débouché sur des exclusions. Ces cas sont des exceptions qui confirment la règle : un gros travail a été fait pour bannir certains comportements, sous l’impulsion notamment de la première vice-présidente vie universitaire après la fusion (2009).
Pour autant, ce n’est pas parce qu’on ne bizute quasiment plus que la vigilance doit faiblir. J’ai ainsi adressé une lettre de rappel aux doyens, à la rentrée. Étudiants, enseignants, personnels : chacun doit avoir à l’esprit que le bizutage n’est jamais bon enfant : même si une majorité peut trouver ça drôle, le fait que deux ou trois étudiants le vivent comme humiliant n’est pas acceptable. N’oublions pas que la notion de consentement n’entre pas en ligne de compte (lire encadré). Dans le bizutage, il y a aussi l’idée de pression, conscientisée ou non, par un pair.
Justement, la responsabilité des associations étudiantes est ambiguë. Elles se doivent de donner l’exemple, mais les bizuteurs viennent parfois de leurs rangs…
Il est vrai que les membres de ces associations sont souvent vus comme des exemples. Je ne nie pas moi-même avoir assisté à ce genre de pratiques, avant d’être sensibilisé à la question. On pense aussi souvent spontanément à des filières vues comme « à risque », telles que celles de santé . Alors que leurs amicales sont parmi les plus rigoureuses : comme cette réputation leur colle à la peau, elles ont pris conscience très tôt de la nécessité d’agir. Les associations étudiantes sont des relais, avec à leur disposition de nombreux outils. La Charte des associations étudiantes (signée par plus de 80 d’entre elles) et la Charte des associations responsables, qui ont vocation à être fondues en une seule*, contiennent obligations, recommandations et bonnes pratiques. Des formations aux premiers secours sont proposées aux volontaires, eau gratuite et softs à tarifs moindres sont mis à disposition lors des soirées sur le campus. Derrière chaque acte qui dérape, il y a toujours un responsable en bout de chaîne, qui ne peut dire : « Je ne savais pas ».
Quid des week-ends d’intégration (WEI), a priori plus difficiles à contrôler pour les responsables de l’université ?
Notre politique n’a jamais été de les interdire, au risque de perdre tout contrôle sur leur organisation. Mieux vaut savoir où et quand se passent ces WEI, organisés par des associations avec lesquelles on est dans une démarche de confiance. J’invite encore une fois les responsables de formation à vérifier que les organisateurs de ces événements sont bien signataires des chartes mentionnées plus haut.
Tous ces outils visent à s’assurer que les jeunes adultes arrivant à l’université se sentent en confiance au moment de démarrer leurs études, dans un environnement sécurisant, et tirent profit de leur période d’intégration (à travers visites, groupes de méthodologie, repas conviviaux, etc) plutôt que de vivre une expérience traumatisante et de le transmettre l’année suivante. Pour une intégration d’inclusion, et non un bizutage dégradant et, de fait, excluant.
Recueilli par Elsa Collobert
* Dans le cadre du Schéma directeur de la vie étudiante-Alsace et à l’échelle des établissements partenaires du contrat de site (Unistra, Université de Haute-Alsace, Institut national des sciences appliquées-Insa, École nationale du génie de l’eau et de l’environnement-Engees, École nationale supérieure d’architecture -Ensas, Haute école des arts du Rhin-Hear)