Ligomed, le carnet de santé intelligent imaginé par Mathieu Dellenbach
Lors de son premier stage d’internat aux urgences des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, Mathieu Dellenbach, aujourd’hui étudiant en 8e année de médecine, assiste à un décès dû à un choc anaphylactique, causé par une prise de médicament auquel le patient est allergique. Aujourd’hui encore, le futur urgentiste témoigne encore de « l’arrivée quotidienne, de jour comme de nuit, de patients sans dossier médical. Impossible d’identifier leurs antécédents, leurs traitements médicaux, leurs allergies… » Pour éviter ces drames encore trop nombreux, Mathieu décide de participer au Hacking Health Camp, qui a lieu à Strasbourg, en mars dernier.
L’idée de ce passionné de technologies de l’information et de la communication (TIC) ? Tirer parti de ce brainstorming grandeur nature, réunissant les têtes pensantes de la médecine de demain pour donner vie à son idée. Celle d’une double application de santé, destinée à la fois aux professionnels de santé, Smur, urgentistes et pharmaciens en tête, et aux patients. Il souhaite capitaliser sur les expériences déjà menées au niveau national, le dossier pharmaceutique ou encore le Dossier médical personnalisé (DMP). L’un des enjeux cruciaux : « Trouver un équilibre entre simplicité d’usage et sécurisation de données sensibles (traitements médicaux, résultats d’analyses médicales, etc.) ».
Appli pour smartphone
De l’équipe formée lors de ces deux jours pour construire la base d’un carnet de santé intelligent, il reste aujourd’hui un noyau dur de quatre personnes : outre Mathieu, Etienne Quoirin, urgentiste senior au CHU de Hautepierre ; Xavier Hurst, développeur, étudiant en quatrième année à Epitech ; et Raphaël Antoine, jeune développeur indépendant spécialisé dans les systèmes de santé.
Non contente d’avoir remporté le prix Samsung lors du Hacking Health 2015, l’équipe multiplie les contacts officiels pour rendre le projet opérationnel. En un peu moins d’un an, les choses sont allées bon train : rencontres avec des responsables de l’Agence des systèmes d’information partagées de santé, à Paris ; de l’Ordre des pharmaciens ou encore d’Alsace e-santé (groupement de coopération sanitaire). « Tous nous ont apporté leur soutien. » Des contacts ont également été noués avec la BPI, pour obtenir un financement, complémentaire aux 10 000 € du prix de l’étudiant entrepreneur. Mathieu Dellenbach l’assure : « tous les feux sont au vert » pour créer, grâce à son appli à terme disponible sur smartphone, « une nouvelle relation entre praticien et patient ». Reste maintenant une étape de taille à franchir : une rencontre dans les toutes prochaines semaines avec l’Agence régionale de santé (ARS).