Voix posée et déterminée, tenue noire et élégante, gestes mesurés, réponses réfléchies… Certaines attitudes d’Imane Lannani, 22 ans, dénotent déjà la diplomate. Plus qu’un métier auquel elle se destine, cette vocation lui est apparue voilà deux ans, encouragée et révélée par ses enseignants. « Je pense que j’avais ça en moi, mais je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite. »
A deux pas des institutions européennes et de la frontière, Imane grandit dans un environnement cosmopolite, « entre la langue française, l’arabe que parlent mes parents, tous deux Algériens, et l’allemand, car mon père a longtemps vécu Outre-Rhin avant ma naissance ». Elle vit toujours avec eux, en proche banlieue de Strasbourg. Au fil de sa scolarité, son « bagage linguistique » s’enrichit encore : l’anglais au collège, l’espagnol au lycée, l’italien en licence. Autodidacte, Imane s’arroge encore le luxe d’une bonne maîtrise du turc et du coréen. Une langue asiatique qu’elle préfère au chinois, « plus originale, et pour sa dimension géopolitique : c’est dans ce pays qu’a commencé la Guerre Froide, mais on en parle peu ».
« Faire coopérer, apaiser »
De la détermination, Imane en fait preuve dès ses choix d’études : elle souhaite s’orienter vers les langues, bien sûr, « mais pas en filière littéraire. Je voulais garder le plus de portes ouvertes ». Ce sera « Langues étrangères appliquées (LEA), spécialité Relations internationales, avec du marketing, du droit… » et la rencontre avec « deux profs extraordinaires. Ils ont perçu cette vocation pour la diplomatie avant que j’ai pu la nommer ». Avec le recul, c’est évident : « Ça fait partie de mon caractère. J’aime faire coopérer, apaiser ». Toute sa scolarité, Imane a été déléguée de classe, a participé à la rénovation du fort Ducrot à Mundolsheim, aime aider « en faisant des choses concrètes, comme le don du sang ou les courses caritatives ».