Vendredi 10 février. Dans l’hémicycle Adrien-Zeller de la Maison de la Région, les délégués sont en place derrière leurs pupitres, ordinateurs portables, micros et écrans rétractables à portée de main. Les mises sont soignées et chacun est prié de cultiver son meilleur accent : les débats sont of course « in english », langue internationale de travail du système onusien.
La mise en scène est à la hauteur de l’enjeu : l’adoption d’une résolution concernant l’intégration des réfugiés dans le respect des droits de l’homme. Comme en session à l’ONU, les délégués doivent lever bien haut la main pour voter en faveur d’une résolution ou d’un amendement. La similitude est même poussée jusqu’à intégrer les petits mots manuscrits échangés entre représentants des nations et les temps de parole informels.
« Rien n’est aussi simple qu’il n’y paraît ! »
Lucie Menna-Guettaa, étudiante en première année à l’Institut d’études politiques (IEP), représente la Libye aux côtés de sa filleule lycéenne, Sarah Okrich. « Il y a deux ans, j’étais à sa place. Je devais défendre les positions de la République démocratique du Congo sur la question des enfants soldats. On a eu la même réaction : comment soutenir des idées a priori indéfendables ? » Avec le recul, Lucie analyse : « Le MUN (Model of United Nations)* est une super expérience ! Ça nous ouvre l’esprit et nous fait comprendre que rien n’est aussi simple qu’il n’y paraît ! » Le lycée de Sarah, à Mulhouse, est l’un des vingt-quatre membres du Programme d’études intégrées (PEI) de Sciences po Strasbourg, aux côtés d’établissements de Sélestat, Bar-le-Duc ou encore Sarreguemines. « PEI vise à cultiver les ambitions des élèves de première et terminale, et depuis peu de collège, de milieu modeste, et les aide, s’ils le souhaitent, à intégrer l’école », détaille Anne-France Delannay, responsable du programme. « Cela en les immergeant dans deux domaines qui les passionnent : la diplomatie et les médias. » Si pour ces derniers la découverte d’institutions locales (RTL, Dernières nouvelles d’Alsace…) est privilégiée, le travail sur le premier est largement piloté par les étudiants de l’association Stras’Diplomacy. « Nous déterminons la thématique de la simulation, en fonction de l’actualité, explique Manon Kayser, la présidente, qui conduit de main de maître les débats dans l’hémicycle. Nous accompagnons aussi tout au long du semestre les lycéens dans le travail de préparation du débat. » Décorticage de la presse et des sites officiels des États, sans oublier « le travail mené en classe avec les professeurs référents » font partie des ingrédients d’une bonne préparation.
* Bénéficie du soutien de l'Initiative d'excellence, dans le cadre des Investissements d'avenir