« C’est un ami, étudiant relais en cité u, qui m’a parlé de la mise en place du dispositif des étudiants relais campus (Erca) », explique celle qui se destine à une carrière dans l’enseignement. « Parce que j’aime la pédagogie, l’interaction, l’explication. » Le contact avec l’autre, aussi : en témoignent ses expériences de plusieurs années chez les scouts et dans un institut pour personnes handicapées.
Difficultés de toutes sortes
Au quotidien, les Erca font face à toutes sortes de situations : « difficultés de logement (certains sont à la rue), sexualité, contraception, erreurs d’orientation, isolement et solitude, troubles du comportement alimentaire, problèmes familiaux, addictions ». Parfois, c’est encore plus grave : « Une fille tapée par son copain. Une fois, un viol. Forcément, ça touche beaucoup. Et très égoïstement, ça me fait prendre de la distance sur ma propre vie, moi qui suis très impulsive : tout n’est pas perdu ! »
À chaque problème, une réponse adaptée
Clémence prend le temps d’écouter les étudiants qui se sont tournés vers elle, recherche l’interlocuteur le plus adapté vers lequel l’orienter. À force, les Erca se sont constitués un carnet d’adresses long comme le bras (associations, planning familial, services et dispositifs médico-sociaux), et s’échangent les informations utiles. Avec Yaye, Clémence, Erca depuis trois ans, est la plus ancienne du réseau. Elle oriente les étudiants isolés vers le site onvasortir.com, qui propose des sorties en groupe, les amicales et les activités sportives du Service universitaire d’activités physiques et sportives (Suaps).
Passer le relais
Quand la mission d’Erca pèse trop lourd, la psychologue du Camus est là pour prendre le relais : « Valérie Vaxelaire nous écoute, sans nous juger. On peut l’appeler et elle nous reçoit en entretien individuel, ainsi que tous les quinze jours avec les autres Erca. » Des séances d’échanges qui peuvent durer plus de quatre heures !
Distance nécessaire
Valérie Vaxelaire conseille aussi les Erca sur les limites à fixer, sans froisser ni culpabiliser. « Une fois, un garçon s’est trop attaché à moi. » Au fil du temps, Clémence s’est fixé des règles bien précises, qui ne sont pas forcément celles des autres Erca. Elle a aussi appris à cloisonner. « Je me suis beaucoup inspirée de la conduite de ma maman médecin qui, à l’adolescence, m’a donné rendez-vous comme à une patiente lambda pour me parler "trucs de femmes". »
Elsa Collobert